Accueil des réfugiés: des citoyens s’engagent

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Accueil des réfugiés: des citoyens s’engagent
L’aide aux réfugiés s’organise. Venus d'Allemagne, les premiers sont arrivés en France le 9 septembre. Les collectivités locales, les associations (Croix-Rouge, MSF, Secours populaire, etc.) et les paroisses mettent en place des plans d’action (ouverture de logements vacants) dédiés à l’accueil temporaire. Mais c'est du côté des particuliers que tout a changé: après la diffusion de la photo du petit garçon syrien retrouvé mort sur une plage turque, beaucoup de citoyens ont décidé de franchir le pas et d’agir de façon concrète. Selon leurs possibilités, les uns donnent de la nourriture, des vêtements, du temps ou de l’argent. D'autres vont plus loin. Ils proposent un accueil à domicile. Odile, une retraitée albigeoise de 67 ans pratique l’accueil temporaire de personnes réfugiées ou migrantes depuis quelques années. Une famille de cinq chrétiens irakiens loge chez elle depuis le mois de juin. Elle avoue être "en colère car il a fallu cette photo du petit Aylan pour que cela bouge, or, cela fait un moment que l'on sait que des gens meurent en mer et depuis des mois!". Pour cette bénévole catholique, "compatir c'est bien, s'émouvoir aussi mais cela ne suffit pas: aujourd'hui, il faut passer à l'action". La famille Hadaya qu'héberge Odile se compose des deux grands-parents de 77 et 78 ans, de leur fils et de ses deux enfants de 11 et 12 ans. Épaulée par la pastorale des migrants du diocèse d'Albi, Odile les soutient sans aucune aide financière. "Ils sont arrivés avec une valise et un grand cabas rempli d'épices, elles-mêmes cousues dans de petits sacs et quatre cuillères comme pendant la guerre de 1940, lorsque les gens gardaient une cuillère pour manger et une petite tasse". Leur histoire, terrible, ressemble à celle de milliers de déplacés. Un parcours chaotique que la bénévole résume à grand traits: en 2009, cette famille irakienne fuit en Syrie. Durant quatre années, elle y attend en vain un visa pour les États-Unis. La guerre en Syrie les fait revenir en Irak, à Qaraqosh, la ville natale du grand-père. Lorsque les djihadistes s'en emparent, dans la nuit du 4 au 5 août 2014, la famille décide de s'enfuir en Europe.
Un accueil à bien préparer
Partager le quotidien avec des étrangers ne s'improvise pas et Odile ne s'en cache pas. Première barrière, la langue. Faute d'un idiome commun, la retraitée et la famille Hadaya communiquent par gestes ou avec des rudiments d'anglais. Si Odile partage quelquefois leurs repas, les accompagne à l'épicerie sociale ou aux Restos du cœur, elle respecte leur rythme et mode de vie et sent bien que pour eux, "rien n'est évident, ils sont un peu gênés". La grand-mère Hadaya aide au jardin, sème des graines, aide à la cuisine. Les enfants vont à l'école, en classe adaptée où ils apprennent le français. L'ancienne secrétaire a toujours à l'esprit qu'"ils ont vécu des choses atroces dont ils ne parlent pas, même s'ils ont toujours le sourire". Cette démarche d'accueil à domicile suscite des critiques et des réticences qu’elle balaie d’un "ça m’est égal". Aux mots entendus çà et là – "menace intégriste, peur de l'islam, chômage massif" –, elle répond par une petite opération mathématique: "Les réfugiés accueillis de façon temporaire sur deux années, cela représente dix personnes par ville si on fait une moyenne!" Elle rappelle aussi la tradition d'accueil des réfugiés d'ailleurs pendant la Seconde Guerre mondiale. Et de conclure qu'"il n'y a pas à avoir de craintes face à ces gens qui ont absolument tout perdu". Cela vaut aussi, selon elle, pour tous les autres réfugiés qui vont arriver en France.
La famille accueillie par Odile, en lien avec la préfecture et la pastorale des migrants du diocèse d’Albi, a aujourd'hui un toit temporaire. Onze nouveaux réfugiés sont attendus samedi 12 septembre à Albi.
Comment agir?
http://aiderlesrefugies.fr/
Cette plateforme créée début septembre par Julien Bayou (Europe Ecologie Les Verts) et Anne-Cécile Mailfert, présidente d'Osez le féminisme! propose une carte interactive qui recense toutes les initiatives d’associations et de particuliers. Vous pouvez devenir bénévole dans une structure près de chez vous ou proposer un hébergement
http://singa.fr/la-communaute/calm-comme-a-la-maison/
Créé en juin 2015, le dispositif CALM (acronyme de Comme à la maison) est à l'initiative de l’association Singa. Ce réseau de citoyens s’engage pour l’hébergement des réfugiés et aussi des sans domicile fixe. Il souhaite aussi apporter une aide à l'insertion socio-professionnelle. La durée de l’accueil varie de deux semaines à neuf mois.
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